IREMInstitut de recherche sur l'enseignement des mathématiques de Grenoble

Dans le cadre de séances du jeu de loto des formes avec des élèves de CP, les auteurs ont observé une baisse de la participation des filles sous certaines conditions de nature compétitive. Ils interprètent cette baisse comme résultant d'un phénomène de menace de stéréotype de sexe. Selon ce cadre théorique, comme les filles sont réputées moins efficientes que les garçons à la fois en mathématiques et dans les activités compétitives, leur comportement peut être impacté par une pression extérieure supplémentaire que ne subissent pas les garçons. Cela se traduit par une réduction de la prise de parole des filles en situation compétitive. Dans cet article, les auteurs commencent par décrire le contexte empirique de leur travail, puis ils présentent leurs observations. Ils proposent ensuite une interprétation de ces observations à partir du phénomène de menace de stéréotype. Concernant la méthode, l'étude prend appui sur les transcriptions des séances (le corpus comprend environ 2000 prises de parole au total). Le volume de prise de parole de chaque enfant est pris comme un indicateur de son implication dans le jeu. Les auteurs recourent ponctuellement au contenu des assertions lorsqu'ils souhaitent mieux comprendre le comportement d'un élève ou d'une élève. Le travail est donc focalisé sur les interactions verbales au sein de la classe plutôt que sur les performances des élèves à des tests ou sur leur ressenti quant à leur compétence ou l'efficacité de leur travail. Ce type de démarche semble intéressant aux auteurs dans la perspective d'une meilleure compréhension des mécanismes pouvant contribuer à la construction en classe des inégalités liées au sexe de l'élève.